Matt Rees, Le collaborateur de Bethléem
Voilà un livre à extraire de ma PAL d'hiver. Depuis cet été j'avais envie de le lire, après une bonne critique du Vif-L'Express. Un regard nouveau, différent sur cette région. Et puis un roman, aussi. Rien que de bonnes raisons de le lire. Et je n'ai pas été déçue.
Ce roman se lit très vite, il happe son lecteur dès les premières pages. Son personnage central est en effet attachant et sympathique (au sens originel). Omar Youssef est pourtant un homme comme tant d'autres. Plus très jeune, il est professeur d'histoire dans l'école onusienne d'un camp de réfugiés de sa ville, Bethléem. Mais ce professuer-là n'a pas que des amis, loin s'en faut. Sa méthode critique, son exigence intellectuelle font de lui la cible de tous: les parents d'élèves qui se plaignent de le voir "déformer" l'esprit des enfants, les représentant de l'état qui n'en peuvent plus de le voir s'opposer à l'historiographie officielle, ... Malgré cela, hormis les ennuis quotidiens d'une ville presque assiégée, Omar vit une vie banale.
Tout change lorsque l'un de ses anciens élèves, l'un de ceux qu'il considère comme porteurs de son héritage, se fait arrêter. George Saba est en prison, il est à deux doigts de se faire juger puis condamner pour collaboration avec l'ennemi. Ce chrétien n'a aucune chance face à l'ire populiare, à la folie des Brigades des Martyrs. Aucun chance. Mais Omar Youssef refuse d'en rester là et se lance dans une enquête folle, contre le temps qui presse, contre la pensée unique, contre la haine de l'autre.
J'ai beaucoup aimé ce polar très rythmé qui a, en plus, le mérite d'être réaliste. Même si j'aurais aimé que le réalisme permette un peu d'optimisme. Là, c'est plus que difficile. La vie à Bethléem ressemble à un enfer clos, avec la pression externe dûe à Tsahal et la pression du terrorisme interne omniprésent. C'est dur, mais fort.