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Les lectures de Sole
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27 octobre 2007

Anna ENQUIST, Le retour

enquist_retourVoici une pure merveille. Et ce n'est que vérité.coeur_battant

Cette critique m'a pris du temps: mettre en mots les émotions que cette lecture a fait naître en moi ne fut pas évident.

Anna Enquist n'est pas une nouvelle venue dans le monde littéraire. Si vous ne la connaissez pas encore, je ne peux que vous conseiller de lire sans attendre Le chef-d'oeuvre et Le secret. J'avais vraiment aimé ces deux romans.

Le thème du Retour ne m'attirait pas de prime abord. Il reprend, sous la forme d'une biographie imaginaire, la vie d’Elizabeth Cook,  la femme de James Cook, le capitaine britannique qui, au  XVIIIe siècle, découvrit des territoires inconnus - de nous - et mourut assassiné par les "sauvages" à Hawaii. Mais ce n'est pas de cet homme dont il est question ici, ou si peu. 
Le Capitaine Cook navigue au loin, pendant que son épouse élève ses enfants, attendant le retour de ce mari qu'elle aime. Pendant ces longues périodes d'absence du mari, elle construit sa vie, va de l'avant, tentant de dépasser les douleurs atroces de son existence de mère. Cinq enfants sont nés. Deux sont vivants. Deux garçons, Nat et Jamie.
James va rentrer, Elisabeth le pressent, il faudra lui annoncer. Elle devra lui dire ces mots. Lui dire la mort du bébé qu'il n'a pas connu. Il voudra le voir, découvrir cet enfant dont elle était enceinte à son départ. Comment lui dire son deuil. Comment ne pas repenser à Elly, leur unique fille, morte à 4 ans.

Les enfants sont omniprésents dans ce roman, tant les vivants que les morts. Toute l'existence d'Elisabeth s'enrichit de leur présence. Pas comme une personne qui aurait besoin de donner sens à son existence, mais comme une mère aimante et forte qui les regarde grandir et devenir des hommes.
Mais les enfants ne grandissent pas toujours. J'ai pleuré en lisant ce livre. Versé des torrents de larmes à l'évocation d'Elly, de sa mort, de la douleur omniprésente, de ce vide inextinguible. J'ai pleuré encore, Elisabeth rend visite au vieil  Hartland après la mort de Nat , il lui joue une des Variations Goldberg:  «Elisabeth eut l'impression qu'une fenêtre s'ouvrait sur une magnificence infinie. C'est là qu'elle pourrait aller, la tête haute et sans larmes, consciente que son fils avait aimé cette musique.»

Une femme incroyable, d'une force émouvante, d'une sensibilité éprouvante. Une femme d'aujourd'hui affrontant les épreuves d'hier. Et un mari qui repart : «Voilà, Elisabeth, dit James avant son départ [...]. Cela n'a rien à voir avec toi. Tu es formidable, la meilleure femme que j'aurais pu choisir. [...] Mais la mer est là. Je ne peux pas m'en empêcher [...] parce que c'est ma destinée.»

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