Olivier Adam, A l'abri de rien
J'aime beaucoup ce qu'écrit Olivier Adam, sa plume me touche de façon très forte. Pas toujours évident de dire pourquoi, de mettre le doigt sur ce qui m'attire à ce point dans sa langue. Depuis Passer l'hiver, je suis cet auteur et je n'ai pas encore été déçue. Falaises m'avait peut-être moins marquée que le recueil de nouvelles, mais j'y retrouvais, dans un déroulement plus ample et plus riche, les ambiances et les lieux qui m'avaient hypnotisée dans ma première lecture.
Cette longue entrée en matière pour parler de son dernier opus. Alors que je n'avais jamais entendu parler de lui lors de ma rencontre initiale, il est devenu un des poulains de L'Olivier pour les Prix littéraires. Difficile de ne pas lire d'avis sur A l'abri de rien. J'ai entendu et lu de tout sur ce roman: son désespoir, sa noirceur, sa force, sa beauté, ...
Et puis je l'ai lu. Avidemment. Dès que je me suis plongée dans le roman, j'ai eu la sensation de m'y noyer. Une lecture en apnée dont je suis sortie largement retournée. C'était il y a deux jours et je ne suis pas sûre d'avoir encore pris la distance nécessaire à cette critique.
Ces deux heures de plongée dans la vie de Marie, dans les abîmes de son aventure, je les ai passé à haleter, à espérer pour elle, tout en ayant la certitude que cette jeune femme blessée ne pouvait s'en sortir indemne. Comment le pourrait-elle? Au final, une vraie rencontre avec un livre fort, avec un auteur qui parle à mes tripes, qui me fait vivre cette expérience hallucinante avec son héroïne, en synchronisation avec elle.
Et une vraie position humaine, sociale et politique. Les personnages d'Olivier Adam sont brisés, marqués par la société qui est la nôtre. Celle du chômage et de la carte bleue "à volonté". Celle de la surconsommation et de l'ennui. Celle des réfugiés qui errent à la lisière de nos vies, de nos villes. Des hommes blessés, meurtris, mais à la chaleur humaine criante d'amour.