Louise Erdrich, La chorale des maîtres bouchers
En 1918, Fidelis Waldvogel, jeune allemand revenu sain et sauf de la guerre, s’embarque pour les Etats-Unis. Il s'arrête à Argus, dans le Dakota du Nord, où sa femme et leur petit garçon le rejoignent. La vie s’organise autour de ses deux passions : il ouvre une boucherie et monte une chorale. Ce monde qu’il se crée, avec son épouse Eva, croise bientôt celui de Delphine et Cyprian, couple improbable et lui aussi émigré, et s’en trouve transformé. Ainsi commence l'extraordinaire destin d'une famille germano-américaine, des années vingt aux années cinquante, entre Europe et Amérique. Les personnages de ce roman sont superbes, c’est avant tout une histoire humaine sensible, peuplée d’être pleins de questionnements et d’incertitudes, dont le cheminement va rarement en ligne droite. Le personnage d’Eva est discrètement lumineux, dans sa relation à Delphine elle m’a émue. Cette dernière, axe de tout le roman, m’a beaucoup plu par sa volonté d’échapper à l’étroitesse s’esprit qui caractérise souvent les villages repliés sur eux-mêmes. Il y a dans ce roman beaucoup de poésie, tapie dans la rude tendresse des personnages, cachée dans leur rugueuse gentillesse.